Cette
installation propose au spectateur de s'asseoir à une table
d'atelier au centre de laquelle circule sur des tapis roulants des
chutes d'acier récupérées au sein de l'usine. Préalablement
rouillées, ces chutes arborent les portraits usée par le travail du
temps des ouvriers.
Le
spectateur est invité par un contrat de non-travail faisant usage de
mode d'emploi à reproduire un geste d'usine de vérification de la
conformité de ces chutes d'acier, en incluant ces visages dans une
contre-forme.
Par
cette manipulation, il agit sur la chaîne des vidéos qui circulent
sur les trois téléviseurs et en stoppe le déroulement. Ces vidéos
sont de courtes séquences répétées sur des détails de l'usine
qui signifient la présence de l'individu par son absence. Elle
représente ce à quoi j'avais accès, ce que je pouvais filmer
discrètement, les vestiaires, les espaces vides de l'usine, mon
décor quotidien. Ma présence, mon regard est simplement signifié
par un léger tremblement de l'image, qui répété, évoque les
cadences de l'usine.
Par
ce geste le spectateur, à la fois contrôle la conformité des
pièces, des individus qui la composent mais aussi des espaces et des
lieux d'intimités. Ainsi cette installation évoque à la fois
l'uniformisation de l'usine, mais en détourne aussi le sens: les
chutes et les squelettes d'acier, rebuts de l'usine sont ici mis en
valeur, scénographiés et exposés. L'inutile, le gratuit est mis en
valeur et exposé. Les pièces de métal standardisées retrouvent,
par le visage incrusté une identité et prennent un caractère de
relique. La machine est rendue inefficace est improductive. Les
pièces de métal circulent en boucle et évoquent le circuit sans
fin du travail. Les moteurs doivent être actionnés par des
manivelles donnant à cette machine un caractère burlesque. C'est
ici un décor recomposé de l'espace fragmentaire de l'usine qui se
donne au spectateur comme un décor de théâtre dans lequel il est
invité à rejouer les gestes de l'usine. Mais ici ce geste de
travail est là pour interroger la réalité de l'usine. Il l'amène
à s’asseoir, à observer, à interroger et peut être en débattre.
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